Le cœur du cœur : La Trinité

Le cœur du cœur : La Trinité

Cette modeste contribution était en chantier quand le Père Christian Mauvais a livré la sienne le 11 avril 2017. Oserai-je en rajouter ? La simplicité vincentienne le permet et dans un clin d’œil fraternel, je livre cette autre perspective. Je reçois bien sûr, la contemplation profonde de st Vincent sur le Mystère, ses retombées sur nos rapports réciproques et l’inhabitation de cette réalité en chaque baptisé qui nous obligent dans notre « pratique collaborative ». Nous nous soutenons les uns les autres parce qu’appelés à être temples de Dieu.

La vie reçue et communiquée

Ce cœur du cœur qu’est la Trinité sainte est mentionné brièvement aux paragraphes 2 et 3 du chapitre X des Règles Communes de la Congrégation de la Mission qui nous pressent « d’honorer les ineffables mystères de la Sainte Trinité et de l’Incarnation: 1° en produisant souvent du fond du cœur des actes de foi et de religion sur ces mystères ; 2° en offrant tous les jours à leur honneur quelques prières et bonnes œuvres, et particulièrement en célébrant leurs fêtes avec le plus de solennité et de dévotion qu’il nous sera possible ; 3° en nous étudiant soigneusement à faire, soit par nos instructions, soit par nos exemples, que les peuples les connaissent, les honorent, et les aient en grande vénération (§2).

Par le moyen de l’Eucharistie « on rend à la Sainte Trinité et au Verbe Incarné une très grande gloire ; partant, nous n’aurons rien en plus grande recommandation que de rendre à ce sacrement et sacrifice l’honneur qui lui est dû, et même nous emploierons tous nos soins à procurer que tout le monde lui porte même honneur et révérence… (§3) ».

On ne doit pas oublier non plus le frontispice de l’édition princeps, toujours reproduits avec constance et vénération, mettant au centre et en tête de sa composition, les trois personnes divines avec les mots « Sancta Trinita unus Deus ».

Tous les points de la spiritualité vincentienne sont coordonnés à ces fondements : tout vient du Dieu Trinité, qui est la source, et tout doit retourner à Dieu, par Jésus, Fils incarné, qui envoie le Saint-Esprit. Ce qui inspire st Vincent, c’est effectivement le côté relationnel de la Trinité. En elle tout est rapports. Nous ne pouvons oublier qu’il possédait les magnifiques pages de Saint Augustin et de Saint Thomas sur les relations entre les Personnes divines, leur circulation d’amour, pour laquelle les théologiens ont utilisé, sans la traduire, la belle image de Saint Jean Damascène, « chœur de danse en rond », “périchorèse” et “circumincession”, ces mots chers aux théologiens et spécialistes pour désigner une vie aussi dynamique et poétique. Saint Thomas emploie heureusement aussi le simple mot “circulation”[i]. La Sainte Trinité est incessamment une naissance et une respiration, une circulation d’amour, où les Trois se communiquent tout, distincts par leur relation d’origine, mais formant un seul être, en toute égalité.

La première mention qui nous reste de la Sainte Trinité dans une conférence est dite par une Fille de la Charité, ce qui montre qu’elles avaient bien intériorisé les enseignements de Monsieur Vincent.

 « L’union me paraît être l’image de la Sainte Trinité. Les trois Personnes ne sont qu’un seul et même Dieu, étant de toute éternité unies par amour. Ainsi nous devons n’être qu’un même corps en plusieurs personnes, unies ensemble en vue d’un même dessein, pour l’amour de Dieu. Au contraire, la désunion me semble être l’image de l’enfer, où les diables et les damnés sont en perpétuelle discorde et haine ». (26 avril 1643, IX 98)

 Lors de l’envoi du Christ pour l’Incarnation, st Vincent imagine un dialogue entre les personnes divines et j’ai toujours beaucoup de plaisir à évoquer cela :

 “Quand le Père éternel voulut envoyer son Fils en terre, il lui proposa toutes les choses qu’il devait faire et souffrir. Vous savez la vie de Notre Seigneur, combien elle a été pleine de souffrances. Son Père lui dit : « Je permettrai que vous soyez méprisé et rejeté de tout le monde, qu’un Hérode vous fasse fuir dès votre bas âge, que vous soyez tenu pour un idiot, que vous receviez des malédictions pour vos œuvres miraculeuses; bref, je permettrai que toutes les créatures se révoltent contre vous».

Voilà ce que le Père éternel proposa à son Fils, qui lui dit : «Mon Père, je ferai tout ce que vous me commanderez». Ce qui nous montre qu’il faut obéir en toutes choses généralement. (23 mai 1655, X 85-86)

La dépossession pour l’autre

 On ne peut multiplier les textes sur la Trinité pour bien comprendre que st Vincent y voit et la source de la Mission, de la vie communautaire et de notre relation aux pauvres. Ainsi donc, l’union vraie n’existe que dans la Trinité, par la non-possessivité totale du Père, qui donne tout au Fils, qui reconnaît tout recevoir du Père, et du Saint-Esprit, lequel reçoit tout et redonne tout.

“Une union durable et vraie et humaine entre les hommes n’est possible que dans et par la Trinité, à l’image de la Trinité, par la désappropriation de nous-mêmes (XI, 343).”

Paradoxalement ce qui ressort à l’Etre même de Dieu, la Trinité et le don entre les personnes divines, nous renvoient à la dépossession. La richesse relationnelle du Mystère nous appauvrit de tout esprit de captation et nous dépossède pour nous livrer. Il n’y a de vraie vie, à l’imitation de la vie divine, que dans l’offrande de soi. C’est tout le sens de ce que beaucoup de spirituels et Saint Vincent appellent aujourd’hui, l’oubli de soi, le renoncement à se faire le centre, «se vider de soi-même pour se revêtir de Jésus-Christ ».Témoin ce petit conseil en or donné aux premières sœurs pour leur expliquer le fonctionnement de la vie communautaire avec la nécessité d’une responsable que la vie moderne qualifie de leader: « S’il faut qu’il y ait une supérieure, une servante, oh ! ce doit être pour donner exemple de vertu et d’humilité aux autres, pour être la première à tout faire, la première à se jeter aux pieds de sa sœur, la première à demander pardon, la première à quitter son opinion pour suivre l’autre. C’est ce que les saints en particulier ont fait ; c’est ce qu’ils ont conseillé à ceux qui devaient embrasser leur Ordre, et c’est ce que tous ceux qui veulent vivre dans la perfection doivent faire. » (XIII, 634- Conseil du 19 juin 1634).

On connaît l’insistance de st Vincent sur la mortification, vertu rude et quelquefois repoussée mais assimilée, toutes proportions gardées, à la croix du Christ. Pour st Vincent elle est canal de sanctification mais aussi outil missionnaire. En effet, comment approcher ceux qui ont des visages ingrats et des corps minés par le travail et la vie, sans un entraînement laborieux et rompu à la différence ? St Vincent le rappelle en ces termes :

« La mortification est nécessaire entre nous, mais encore à l’égard du peuple, où il y a tant à souffrir. Quand on va en mission, on ne sait où on logera, ce que l’on fera ; il se rencontre des choses toutes différentes de ce que l’on s’est proposé, la Providence renversant souvent nos desseins. Qui ne voit donc que la mortification doit être inséparable d’un missionnaire, pour agir non seulement avec le pauvre peuple, mais aussi avec les exercitants, ordinands, forçats et esclaves ? Car, si nous ne sommes mortifiés, comment souffrir ce qu’il y a à souffrir dans ces divers emplois ? Le pauvre M. Le Vacher, dont nous n’entendons pas de nouvelles, qui est parmi les pauvres esclaves en danger de peste, et vraisemblablement son frère, ces missionnaires peuvent-ils voir souffrir les peines qu’endurent les personnes qui leur sont commises par la Providence, sans les ressentir en eux-mêmes ? Ne nous trompons pas, mes frères, il faut de la mortification dans les missionnaires. » (XII, 307)

Très paulinien en ce domaine, Vincent plaide pour une mortification comme exigence de charité ; elle est partage de la condition des pauvres, communion à leur état : « Qui est faible sans que je sois faible (1Co 11,20) ; pleurez avec ceux qui pleurent » (Rm, 12,15). Il voit en elle une imitation non seulement du Christ « tendre et compatissant », mais souffrance de Dieu qui souffre de ses souffrances et de celles des hommes privés d’amour. Et cette sympathie au sens originel du mot, peut amener très loin, au don suprême à la manière de Jean le Vacher ou de Marguerite Naseau, expirant « le cœur plein de joie et de conformité à la volonté de Dieu » (IX, 79). Une mortification – ne l’oublions jamais – qui se veut complice de notre vocation, à la manière de Celui qui nous appris de concert avec le Père et l’Esprit, à exécuter jour après jour, son testament : « Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il se renie lui-même, se charge de sa croix chaque jour et qu’il me suive « (Lc 9, 23).

L’envoi

La Trinité nous tire vers Dieu, nos frères et les pauvres. Elle est le moteur de notre envoi qui, à son image, va selon ces trois directions. Et nous n’existons vraiment qu’en nous donnant. Le maître-mot de la spiritualité vincentienne est « se donner ». Donnés à Dieu pour le service des pauvres, donnés à Dieu pour leur évangélisation.

Il est urgent de révéler ce mystère de la Trinité à ceux qui ne le possèdent pas ; on sait Vincent tutioriste et désireux de dire, d’expliquer, de transmettre l’existence d’un seul Dieu en trois personnes :

«Un grand personnage en doctrine et en piété me disait hier qu’il est de l’opinion de saint Thomas : que celui qui ignore le mystère de la Trinité et celui de l’Incarnation, mourant en cet état, meurt en état de damnation, et soutient que c’est le fond de la doctrine chrétienne. Or cela me toucha si fort et me touche encore que j’ai peur d’être damné moi-même, pour n’être incessamment occupé à l’instruction du pauvre peuple. Quel sujet de compassion ! Qui nous excusera devant Dieu de la perte d’un si grand nombre d’hommes qui peuvent être sauvés par le petit secours qu’on leur peut donner ? Plût à Dieu que tant de bons ecclésiastiques qui les peuvent assister parmi le monde, le fissent ! Priez Dieu, Monsieur, qu’il nous fasse la grâce de nous redoubler le zèle du salut de ces pauvres âmes. (A François du Coudray, prêtre de la mission à Rome I, 121 -4 septembre 1631) »

Et encore, vingt-cinq après :

«… Je sais bien comment on faisait au commencement de la Compagnie, et qu’elle était dans la pratique exacte de ne point laisser passer d’occasion d’enseigner un pauvre, qu’elle ne le fît, si elle voyait qu’il en eût besoin, soit les prêtres, soit les clercs qui étaient alors, soit nos frères coadjuteurs, en allant ou venant. S’ils rencontraient quelque pauvre, quelque garçon, quelque bon homme, ils lui parlaient, ils voyaient s’il savait les mystères nécessaires à salut ; et si l’on remarquait qu’il ne les sût pas on les lui enseignait. Je ne sais si aujourd’hui on est encore bien soigneux d’observer cette sainte pratique ; je parle de ceux qui vont aux champs, arrivant dans les hôtelleries, par les chemins. Si cela est, à la bonne heure, il en faut remercier Dieu et lui demander la persévérance pour la même Compagnie ; sinon, et si on s’est relâché, il faut demander grâce pour s’en relever…

Et ce qui nous doit encore davantage porter à cela, c’est ce que disent saint Augustin, saint Thomas et saint Athanase, que ceux qui ne sauront pas explicitement les mystères de la Trinité et de l’Incarnation ne seront point sauvés. Voilà leur sentiment. Je sais bien qu’il y a d’autres docteurs qui ne sont pas si rigoureux et qui tiennent le contraire, pour ce que, disent-ils, il est bien rude de voir qu’un pauvre homme, par exemple, qui aura bien vécu, soit damné faute d’avoir trouvé quelqu’un qui lui enseigne ces mystères. Or, dans le doute, Messieurs et mes frères, ce sera toujours un acte de bien grande charité à nous, si nous instruisons ces pauvres gens, quels qu’ils soient ; et nous n’en devons laisser échapper aucune occasion, si faire se peut.

Par la grâce de Dieu, j’en sais quelques-uns dans la Compagnie qui n’y manque quasi jamais, si ce n’est qu’ils soient empêchés par quelque chose. Je ne sais si à la porte on s’en acquitte bien ; il me semble que cela ne va pas si bien que cela allait autrefois ; je crains que nos deux frères qui sont à la porte se soient relâchés. Peut-être que cela vient de ce qu’ils sont tous deux nouveaux et qu’ils ne savent pas comment on a coutume d’en user. A la basse-cour, je ne sais si cela s’observe et si le frère qui est là est bien soigneux de voir si nos domestiques sont suffisamment instruits, s’il a bien soin de leur parler en particulier quelquefois touchant cela, imitant Notre-Seigneur lorsqu’il alla s’asseoir sur cette pierre qui était proche le puits, où étant, il commença, pour instruire cette femme, par lui demander de l’eau. «Femme, donne-moi de l’eau», lui dit-il. Ainsi demander à l’un, puis à l’autre : «Eh bien ! Comment se portent vos chevaux ? Comment va ceci ? Comment va cela ? Comment vous portez-vous ?» Et ainsi commencer par quelque chose semblable pour passer ensuite à notre dessein. Les frères qui sont au jardin, à la cordonnerie, à la couture, de même ; et ainsi des autres ; afin qu’il n’y ait personne céans qui ne soit suffisamment instruit de toutes les choses qui sont nécessaires pour se sauver ; tantôt les entretenant de la manière de se bien confesser, des conditions de la confession, tantôt de quel qu’autre sujet qui leur soit utile et nécessaire. Ceux, dit la Sainte Écriture qui enseignent les autres des choses utiles et nécessaires à leur salut, brilleront comme des étoiles dans la vie éternelle. Et voilà encore un grand bien qui arrive à ceux qui enseignent aux autres le chemin de leur salut, qui, faute de cela peut-être, ne seraient point sauvés.

Les frères ne doivent point enseigner ni catéchiser dans l’église ; non, cela n’est pas expédient ; mais, hors de là, ils le doivent faire en toutes rencontres. » (XI, 381-384 – Sur le devoir de catéchiser les pauvres – 17 novembre 1656) ».

Bref, il y a une urgence missionnaire à honorer notre envoi en mission à la suite du Christ. Toute l’histoire de la Congrégation de la Mission est fondée sur l’importance de l’enseignement des « vérités nécessaires à salut ». Aujourd’hui, le catéchisme de l’Eglise catholique nous invite à la suite de la réflexion conciliaire, à une conception moins étroite mais tout aussi impérieuse. « Le mystère central de la foi et de la vie chrétienne est le mystère de la Sainte Trinité. Les chrétiens sont baptisés au nom du père et du fils et de du Saint-Esprit » (Abrégé n°44). Si central est le mystère, capitale est sa communication. L’Eglise l’inscrit dans l’insistance de Jésus sur la révélation de son Père et de l’Esprit. C’est plus par amour que par obligation, que nous nous situons comme pressés de faire connaître cette approche singulière du Dieu unique en trois personnes. Comment ne pas révéler le dessein de Dieu, son projet d’amour ? Comment ne pas révéler la vie intime de Dieu ouvert à l’Autre et ne trouvant sa joie que dans l’Autre ? « Ce dessein de Dieu découle de l’amour dans sa source-même, de la charité du Père, principe sans principe, de qui le Saint-Esprit procède par le Fils » (AM 2)[ii]. Tous les hommes aspirent à connaître Dieu, même s’ils n’en ont pas tous conscience et Dieu les attire toujours vers le haut : « Si mon Père ne l’attire ». Il est impossible d’oublier que ce plan de salut- plan d’amour, par excellence – s’étend à tout le genre humain et concerne la vocation intégrale de l’homme et notre activité missionnaire le manifeste et l’accomplit dans le monde aujourd’hui, grâce à notre « petit possible ». « Caritas Christi urget nos ».

Ce dernier point est important. L’explicitation n’est pas facultative ; elle peut-être manifestée de bien des manières et les vocations multiples existent en fonction des dons reçues, même dans une Congrégation. C’est le corps entier qui possède le caractère missionnaire et chaque personne l’exprime selon ses talents donnés et exercés en fonction de sa condition (santé, âge, office, envoi, travail et activité missionnaire directe ou indirecte etc.).

Il reste que le témoignage donné ensemble et de façon concertée, harmonieuse et fraternelle, est d’une efficacité réelle et vérifiée. C’est tout l’enjeu du témoignage communautaire des filles de la charité et des membres de la congrégation de la Mission.

« Il faut qu’entre les Filles de la Charité, celle qui sera des pauvres ait relation à celle qui sera des enfants, et celle des enfants à celle des pauvres. Et je voudrais encore que nos sœurs se conformassent en cela à la très Sainte Trinité, que, comme le Père se donne tout à son Fils, et le Fils tout à son Père, d’où procède le Saint-Esprit, de même elles soient toutes l’une à l’autre pour produire les œuvres de charité qui sont attribuées au Saint-Esprit, afin d’avoir rapport à la très Sainte Trinité. Car, voyez-vous, mes filles, qui dit charité dit Dieu ; vous êtes Filles de la Charité; donc vous devez, en tout ce qu’il est possible, vous former à l’image de Dieu. » ((XIII, 633-634 – Conseil du 19 juin 1634)

« Trouver tout bon ; qu’il fût dit que dans l’Eglise de Dieu il y a une Compagnie qui fait profession d’être très unie, de ne jamais dire du mal des absents ; qu’il fût dit de la Mission que c’est une communauté qui ne trouve rien à redire en ses frères ! Vraiment j’estimerais plus cela que toutes les missions, les prédications, les emplois des ordinands et que toutes les autres bénédictions que Dieu a données à la Compagnie, d’autant que l’image de la très Sainte. Trinité serait plus empreinte en nous » 27 JUIN 1642 – Sur l’union entre les maisons de la compagnie- XI, 122).

Chantiers toujours ouverts et qui appellent convictions et conversions, en notant tout le positif déjà vécu. Il ne se peut que dérape le plan divin : il est réussite.

Jean-Pierre RENOUARD, CM 🔸

Annexe

« A qui dira le plus de bien, à qui défendra les absents »

« Trouvons tout bien ; ne mettons jamais la main sur les défauts d’autrui ; si nous. avons vu quelque chose de mal, mettons-le en oubli, ne le disons jamais aux autres, ne jugeons pas en mal les intentions de nos frères, pourquoi ils font cela et comment. Oh ! je porte le coup de lancette à l’apostème. Oh ! que je souhaiterais que cette sainte pratique fût parmi nous : trouver tout bon ; qu’il fût dit que dans l’Eglise de Dieu il y a une Compagnie qui fait profession d’être très unie, de ne jamais dire du mal des absents ; qu’il fût dit de la Mission que c’est une communauté qui ne trouve rien à redire en ses frères ! Vraiment j’estimerais plus cela que toutes les missions, les prédications, les emplois des ordinands et que toutes les autres bénédictions que Dieu a données à la Compagnie, d’autant que l’image de la très Sainte. Trinité serait plus empreinte en nous. Il y a, Messieurs, des Compagnies qui font défi à qui sera le plus vertueux. Oh! Que dès aujourd’hui tous les membres de cette. Petite Compagnie supportent ce défi : à qui dira le plus de bien, à qui défendra les absents. Si quelqu’un fait le contraire en notre présence, jetons-nous à ses pieds. » (27 Juin 1642. Sur l’union entre les maisons de la compagnie -XI, 122).

Tous les points de la spiritualité vincentienne sont coordonnés à ces fondements : tout vient du Dieu Trinité, qui est la source, et tout doit retourner à Dieu, par Jésus, Fils incarné, qui envoie le Saint-Esprit.

[i] cf. Questions Disputées De Potentia, Question 9.

[ii] On ne peut que renvoyer ici à Dieu-Trinité dans l’édition du livre présentant les textes conciliaires aux éditions du vitrail et du centurion.