La Chapelle Notre-Dame de la Médaille Miraculeuse de Paris : un cadre pastoral unique

La Chapelle Notre-Dame de la Médaille Miraculeuse de Paris : un cadre pastoral unique

Sur le plan canonique, l’oratoire privé des Filles De La Charité (FDLC) du 140 rue du Bac de Paris n’est ni une chapelle paroissiale, ni église paroissiale, ni une basilique, ni un sanctuaire diocésain, national ou international. Les Filles de la Charité disposent d’un aumônier qui leur est propre. C’est à la faveur des manifestations de la Vierge Marie à Catherine Labouré en 1830 que cet oratoire privé est devenu progressivement un lieu de pèlerinage ouvert à tous.

Désormais, touristes et pèlerins, nationaux et gens venant de loin, croyants et athées, chrétiens et musulmans, juifs et membres d’autres confessions religieuses, les grands de ce monde et les petites ou simples personnes, les personnes en recherche ou pleinement convaincues dans leur foi affluent chaque jour dans ce lieu marial. C’est ainsi qu’un « chapelain » recteur en charge des pèlerinages est nommé pour l’animation pastorale de cet espace pastoral. Cette nomination est le fruit, jusqu’ici, d’une concertation entre Filles de la Charité et Lazaristes, et d’une proposition à l’archevêché de Paris. Une attention particulière est portée aux églises diocésaines en termes de collaborations et d’ouvertures.

Cette singularité religieuse et canonique, sociale et culturelle colore et charpente l’activité pastorale dans ses objectifs tout comme dans son organisation. L’objectif principal est de conduire les personnes au Christ Jésus suivant plusieurs modalités et en tenant compte de l’actualité dans l’Eglise et le Monde : accueillir le tout-venant dans le respect, la simplicité et l’humilité ; annoncer la Parole de Dieu et célébrer les sacrements de l’Eucharistie et du Pardon ; diffusion le message des manifestations de Marie à Catherine Labouré ; proposer des formations humaines, théologiques, bibliques et vincentiennes ; accompagner et purifier les dévotions populaires autour de la médaille, des veillées de prière, des chapelets et des chemins de croix ; accueillir chacun soit au bureau « Ecoute » ou alors au téléphone et répondre aux sollicitations via les réseaux sociaux.

En ce qui concerne l’animation et l’organisation, le responsable pastoral exerce son ministère en coresponsabilité avec la coordinatrice nommée par les Filles de la Charité. Ils sont accompagnés par un Conseil de la Chapelle, organe décisionnel et par un Conseil Pastoral de la Chapelle, organe de consultation. D’autres personnes, des prêtres, des Filles de la Charité et des laïcs, bénévoles comme salariés, se dépensent tous les jours pour que l’animation pastorale atteigne sa finalité. Leurs contributions diverses et leur pleine participation sont très précieuses. Ils sont signes de communion missionnaire et source de paix et de joie au-delà de quelques errances liées aux vulnérabilités et aux histoires personnelles du vivre et du travailler ensemble.

Quelques défis pastoraux : A des personnes qui m’interpellaient pour me dire leur incompréhension et combien elles étaient scandalisées de voir des pèlerins prendre l’Eucharistie à la main, puisque qu’elle est sale, et de voir des sœurs et des laïcs donner la communion, puisqu’ils ne sont ni prêtres ni diacres, je répondais souvent que la langue était plus sale que la main et que chaque baptisé pouvait dans certaines conditions, aider à distribuer la communion. Ces remarques, bien qu’irrégulières, engrangeaient quelques supports et reflétaient l’ecclésiologie d’un certain nombre de croyants. Elles disaient aussi la nécessité de la catéchèse et de formation. Elles sont toujours à reprendre car rien n’est acquis définitivement pour tous.

Aux personnes qui s’étonnaient de voir un noir et de surcroît un africain exercer le ministère de chapelain ainsi que d’autres bénévoles, je répondais souvent que l’église est constituée de la diversité des peuples, des langues et des nations et aussi qu’aucun ministère n’était réservé à une couleur de peau, à un peuple, à une culture ou à une nation. Ces observations, glissées parfois sous la forme d’une boutade, souligne combien il persiste dans l’Eglise des sentiments et des attitudes de discrimination liés à la couleur de la peau ou à des appartenances culturelles. Mais elles disent aussi la nécessité de relever le défi de l’interculturalité et de l’internationalité.

A ceux qui ne comprenaient pas pourquoi une place de plus en plus importante était accordée aux jeunes, je répondais que l’Eglise ne pouvait pas s’aliéner les jeunes, que l’Eglise n’était pas exclusivement constituée de personnes à la retraite, de personnes du troisième âge. Il est important d’accorder aux jeunes plus de place et plus de responsabilité dans l’Eglise au risque de les marginaliser ou de les isoler. Il est vrai que les jeunes sont aussi marqués par une forme d’instabilité sociale, affective et professionnelle. Cette précarité ne permet pas toujours de compter sur eux sur du long terme car un changement sur l’un des points entraînent aussi quasi automatiquement un déplacement géographique et une modification dans l’engagement.

A l’instabilité des jeunes, il faut ajouter celui des prêtres au niveau de la disponibilité et des langues. La majorité de ceux qui exercent un ministère à la Rue du Bac sont étudiants et sont engagés dans les paroisses d’accueil. Leur investissement est par essence précaire puisque de nombreuses absences se fondent sur les programmes académiques et sur ces engagements paroissiaux. Cela est source d’angoisses et d’inquiétudes récurrentes. En ce qui concernent les langues, trop peu de prêtres parlent d’autres langues que le français. Or de nombreux pèlerins sont de langues anglaises, italiennes, portugaises, espagnoles, slaves, vietnamiennes, chinoises, etc. Il n’y a donc pas de communication possible entre les pèlerins et les prêtres à l’accueil ou aux confessionnaux.

Certains pèlerins n’ont aucun enracinement paroissial et aucun engagement ecclésial. D’autres voudraient absolument avoir des baptêmes et des mariages à la Médaille Miraculeuse. Les refus accompagnés d’explications restent souvent incompréhensibles et donnent lieu à de curieuses remarques. Il était donc nécessaire de souvent rappeler que la chapelle n’était pas une paroisse mais aussi de développer des propositions pastorales ciblées capables d’impliquer ces personnes qui ne trouvent pas leur place dans les structures paroissiales soit volontairement soit involontairement. Aucune proposition pour ces personnes les maintiendrait dans la marginalité ecclésiale.

Quelques insatisfactions : elles portent sur trois points. Sur le plan structurel, bien des choses peuvent se vivre et s’organiser entre le 140 Rue du Bac et le 95 Rue de Sèvres. Malheureusement, il y a beaucoup de freins et de réticences alors que chaque partie en bénéficierait puisque la Vierge Marie et Monsieur Vincent sont deux spiritualités indissociables pour les deux champs pastoraux. La deuxième est plus personnelle. J’aurai bien voulu ouvrir davantage les différents groupes et équipes de bénévoles à de nouveaux visages et faire de ces entités des espaces à l’image de la diversité et de la richesse culturelles des pèlerins. Mais parfois il y a eu de courtoises réticences. L’entre soi culturel, idéologique, spirituel et sociologique a parfois fonctionner comme un véritable obstacle. La troisième porte sur l’importance de vivre la mission dans l’horizontalité et non seulement ou exclusivement dans la verticalité. En effet, il était plus facile pour certains laïcs de rendre compte aux prêtres et sœurs qu’autres laïcs, responsables d’équipe.

Actions de grâce : les trois années de ministère ont été des moments d’apprentissage de la collaboration avec des prêtres, des consacrés et des laïcs ; de l’écoute des autres et des signes des temps ; du respect de chacun dans sa démarche et son histoire, de projection dans le futur.

Guenolé FEUGANG, CM 🔸

Aux personnes qui s’étonnaient de voir un noir et de surcroît un africain exercer le ministère de chapelain ainsi que d’autres bénévoles, je répondais souvent que l’église est constituée de la diversité des peuples, des langues et des nations et aussi qu’aucun ministère n’était réservé à une couleur de peau, à un peuple, à une culture ou à une nation

Guenolé Feugang CM
Explications :

Chapelle Notre-Dame de la Médaille Miraculeuse, 140 rue du Bac, 75007 Paris

Site Web : http://www.chapellenotredamedelamedaillemiraculeuse.com/