Quand les mages sont arrivés à Jérusalem, à écouter leur question on les sent pressés « où est le roi des juifs qui vient de naître ? »

Homélie. Fête de l’Epiphanie (5 janvier 2020). Chapelle St Vincent de Paul – Paris

Chers amis, frères et sœurs : Quand les mages sont arrivés à Jérusalem, à écouter leur question on les sent pressés « où est le roi des juifs qui vient de naître ? »

On aurait envie de bien les accueillir, de prendre un peu de temps avec eux et de leur demander : « D’où venez-vous ? quelle route avez-vous suivie ? quelle marchandise transportez-vous dans vos bagages ? ne voulez-pas prendre le temps de vous asseoir ? et qu’est-ce que cette histoire de roi qui vient de naître ? qui vous en a parlé ?»

En cette période de transhumance pour certains qui reviennent de séjour en famille, dans un contexte difficile pour ceux et celles qui rencontrent chaque matin et chaque soir d’énormes difficultés en raison des grèves pour rejoindre leur lieu de travail ou leur chez eux, la fête de l’Epiphanie 2020 risque de se réduire au partage d’une galette traditionnelle et à la recherche des indications ou des moyens de transport pour reprendre ses activités normales après les étapes de la fête de Noël et du passage à la nouvelle année.

Aussi, il est important de redonner du sens, le vrai sens de cette fête de l’Epiphanie du Seigneur.

En lisant le récit de l’arrivée des mages, nous redécouvrons que le personnage principal est d’abord Jésus : Il devient de suite le sujet premier de ce qui va suivre tout au long de l’Evangile de Matthieu. Jésus, c’est-à-dire Dieu qui sauve, est né à Bethléem. Tout ce qui précède est un prologue, qui nous a préparés à entendre cette nouvelle incroyable : Dieu qui sauve, Jésus est né à Bethléem. Il est même ajouté : « au temps du roi Hérode le Grand ». L’Epiphanie proclame la manifestation de Dieu aux hommes. Chez nos frères chrétiens orthodoxes, cette fête porte le nom de Théophanie : qui signifie la manifestation de Dieu qui s’est fait homme en Jésus. Les deux appellations comme leurs significations sont totalement complémentaires.

Comment la Parole de Dieu de ce jour nous exprime l’importance de cette fête ?

La liturgie de la Parole nous a fait entendre des passages bien choisis où résonne cette manifestation par des mots.

En voici 3 : Nations, rois et présents

En parlant des nations, la première lecture nous rappelle que la naissance de Jésus ne concerne pas seulement le peuple juif, comme pourrait le suggérer la question des mages : « Où est le roi des juifs qui vient de naître ? », mais comme l’annonce Isaïe à Jérusalem qui est en perdition, toutes les nations marcheront vers ta lumière, c’est l’humanité entière qui sera attirée par l’éclat de l’étoile qui précède la rencontre du nouveau-né de l’étable de Bethléem, par la Lumière, que représente Jésus. Le psalmiste ajoute tous les pays le serviront.

Et Paul dans sa lettre aux Ephésiens déclare : « toutes les nations sont associées au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse, dans le Christ Jésus », Donc, par la fête de l’Epiphanie, il nous est rappelé que tous les humains, sans aucune distinction particulière, sont appelés à faire partie de l’Eglise du Christ Jésus.

Second mot utilisé qui montre l’importance de notre fête : celui de rois. Notre manière de présenter ce jour comme étant la fête des rois mages ne montre pas suffisamment l’importance de l’évènement : Tout d’abord, l’évangile nous parle de mages venus d’Orient et pas de rois. Les mages venus d’Orient étaient sans doute des personnages importants au vu des coffrets qu’ils ouvrirent. Cependant c’est le fait qu’ils se prosternent devant l’enfant Jésus qui les met dans la lignée des rois dont a parlé le psaume : les rois de Tarsis et des Îles, les rois de Saba et de Seba feront leur offrande, tous les rois se prosterneront devant lui. Les mages par leur attitude nous indiquent que même les rois, les gens bien placés ont vocation à être des chercheurs de Dieu. Et donc que tous les hommes comme les gens de Saba dont parle Isaïe sont invités à progresser dans leur connaissance de Dieu.

Karl Rhaner, grand théologien allemand, a écrit : « Le coeur des Mages s’est mis en route vers Dieu en même temps que leurs pas se dirigeaient vers Bethléem. Ils ont cherché Dieu, mais c’est Dieu qui conduisait leur recherche dès le moment où ils l’ont entreprise. Ils sont de ceux qui, dévorés par la faim et la soif de justice, aspirent vers le Sauveur, et repoussent la pensée que l’homme pourrait, sur la route de sa rencontre avec Dieu, négliger de faire le petit pas qui lui est demandé, sous prétexte que Dieu, lui, doit en faire mille. »

Un troisième mot à retenir de cette fête, c’est celui des présents : de l’or, de l’encens et de la myrrhe.

Ces présents ne sont pas des jouets comme on en donne aux enfants à l’occasion de Noël. L’évangile nous décrit la visite des mages dans la pauvre étable de Bethléem comme une petite liturgie royale et prophétique en parlant de coffrets de présents. Les mages passent de la joie, à la prosternation et à l’offrande de ce qu’ils ont de mieux et de plus précieux. De l’or, parce qu’ils voient en cet enfant un roi. Ils ont atteint le but de leur recherche : où est le roi des juifs qui vient de naître ? de l’encens, parce qu’ils le considèrent comme un prophète qui vient de les réjouir d’une très grande joie, de la myrrhe, parce qu’elle est utilisée pour faire des onctions et avait un usage thérapeutique et que cet enfant se nomme Jésus, Dieu qui sauve.

À nous aujourd’hui, d’avoir un cœur ouvert à tous les êtres humains, à nous, aujourd’hui d’être les destinataires et les récipiendaires de cette fête de l’Epiphanie pour lui redonner beaucoup de sens, et même si nous continuons à dire que les mages étaient trois rois, que nous allons partager leur galette pour désigner un roi ou une reine, l’important c’est que nous sachions poursuivre comme eux notre quête de Dieu dans notre cœur et d’y mettre Jésus, expression de Dieu qui aime toute humanité.