Selon le prêtre missionnaire argentin Pedro Opeka, la misère n’est pas un mauvais sort, mais le résultat d’une perte de souci social des responsables politiques qui tournent le dos à leur propre peuple. Au début du XXe siècle, la patrie du Pape François était le “grenier du monde” avec une immense production qui représentait la moitié de celle de l’Amérique Latine.

« Akamasoa » Argentine. Le projet argentin cherche à sortir les personnes pauvres de la pauvreté en leur donnant la dignité

ROSARIO, Argentine – Selon le prêtre missionnaire argentin Pedro Opeka, la misère n’est pas un mauvais sort, mais le résultat d’une perte de souci social des responsables politiques qui tournent le dos à leur propre peuple.  Au début du XXe siècle, la patrie du Pape François était le “grenier du monde” avec une immense production qui représentait la moitié de celle de l’Amérique Latine.

Des dizaines d’années de mauvaise gestion ont conduit à une situation de grande pauvreté en Argentine, qui a désormais plus de 4500 bidonvilles et de logements illégaux dans le pays. Environ 35% de la population vit en dessous du seuil de pauvreté, avec 50% d’enfants de moins de 18 ans pauvres.  

Confronté à cette réalité, Gaston Vigo, un jeune catholique chrétien de 30 ans, a lancé Akamasoa Argentine, Plus d’humanité.

Akamasoa est le nom de la ville construite par Opeka qui aujourd’hui héberge plus de 30.000 personnes à Antanarivo, Madagascar où le prêtre missionnaire a servi depuis un demi-siècle.

Cette ville a été constituée de 5000 maison sans compter les écoles, les hôpitaux, les terrains de jeux, et même un petit stade où il dit la messe pour des milliers de personnes chaque dimanche.

Vigo lui a rendu visite en 2018 pour essayer de comprendre sa méthode. Il a travaillé avec CONIN, une ONG argentine, qui essaie de lutter contre la malnutrition chronique en Argentine. 

« Je suis venu à Madagascar avec le rêve de demander à Pedro de nous partager le concept d’Akamasoa en Argentine, lui expliquant que son travail nous était nécessaire, avec son intuition d’aider sans assister » nous a dit Vigo au téléphone. « Akamasoa consiste dans l’aide pour que le pauvres tiennent debout afin qu’ils ne vivent plus à genoux ». 

“Akamasoa Argentine est né d’une profonde émotion à cause de la peine de savoir qu’il y a beaucoup de monde qui sont abandonnés”, dit-il. « J’ai souvent dit que l’Argentine n’est pas quelque chose que nous avons hérité de nos parents, mais quelque chose que nous allons léguer à nos enfants. Mais qu’allons-nous leur laisser ? Un pays avec 134.000 personnes mourant de faim dans les 70 prochaines années ? Un pays avec 60% d’enfants pauvres? Un pays ou 50% d’entre eux ne finissent pas le lycée?”

Vigo a vécu longtemps à Akamasoa à Madagascar où il dit qu’il est devenu “humble” parce qu’il a été impressionné par la transformation de la décharge municipale où  a maintenant été construire “la ville de l’amitié”, transformant “l’enfer de la faim en une oasis d’espérance”.

Lorsqu’il est rentré en Argentine, il a rencontré la fondation Mas Humanidad (Plus d’Humanité) qui dirige les trois centre CONIN qui luttent contre la malnutrition des jeunes en proposant des ateliers et des séminaires pour adultes, avec la philosophie : faire tout son possible pour aider les autres à sortir de la pauvreté.

“J’ai rejoint les équipes de cette organisation, qui a déjà des structures, des ressources humaines et la même vocation de servir les autres », dit Vigo. Ce fut la naissance d’Akamaso-Argentine, Plus d’Humanité, un organisation qui aujourd’hui aide 600 personnes en essayant de créer le même oasis d’espérance qui a été fondé à Madagascar.

“Comment n’aurions-nous pas essayé de faire cela en Argentine, dans ce qui fut dans le passé le phare de l’Amérique Latine ? » dit Vigo.

La crise générée par le coronavirus a changé le travail d’Akamasoa Argentine, aller au service des personnes au lieu de les voir venir dans les centres, solliciter de l’argent au lieu de la nourriture aux donateurs, réduire les mouvements. Mais toujours travailler sur les chapeaux de roues, aidant 195 enfants de moins de 5 ans qui sont dénutris et auront des retards de croissance s’ils ne reçoivent pas d’aide.

Vigo et Opeka sont demeurés fermés, mais en contact permanent par WhatsApp. Le laïc a mis au courant le prêtre du progrès fait dans la petite région de Lima, dans la banlieu de Buenos Aires, où est basé le projet, avec les premières maison déjà construites par les familles elles-mêmes, comme cela se fait à Madagascar.

« Pedro a une façon de conduire le projet incroyable, très humble, très humain, nous disant que nous devons trouver notre identité et que même s’il y a peut-être des choses que nous pouvons reproduire, nous devons trouver nos propres solutions aux problèmes complexes qui naissent quotidiennement » dit Vigo.

« Mais nous avons la joie d’avoir une boussole, sachant que si nous avons besoin d’eux, nous pouvons les appeler, ils ont tracé un chemin pour nous, raison pour laquelle nous avons choisi de garder le nom, sachant ainsi la direction que nous prenons, cette ville de 29.000 personnes divisés en 22 quartiers a permis à un million de personnes de sortir de l’extrême pauvreté » dit-il. « Nous prenons cette route, humblement mais aussi certains que nous pouvons le faire devenir réalité ».

L’an dernier, le Pape François a visité Akamasoa durant sa visite pastorale en Afrique. Le Pontife a dit que cette ville malgache illustre « la foi vivante » traduite en actes concrets capable de « déplacer des montagnes ». « Une foi qui rend possible de voir la chance au lieu de l’insécurité ; de voir l’espérance au lieu de la fatalité, de voir la vie au lieu de paroles de morts et de destruction, » a dit François.

Vigo dit qu’il est habité par la même foi, et Akamasoa Argentine n’aide pas seulement des familles à sortir les enfants de la malnutrition mais les aide à terminer l’école, apprendre le commerce, chercher des emplois et construire le propre voisinage avec des briques et du mortier, au lieu des abris de ferrailles et de sacs de plastiques habituels dans les bidonvilles argentins.

« La plus grande satisfaction serait de construire en cinq ans une communauté d’amis, ce qui est le sens d’Akamasoa en Malgache » continue-t-il. « Nous voulons casser le circuit de l’assistance que enferme dans la misère dans laquelle les pauvres vivent »

Vigo dit qu’il rêve d’un jour durant lequel « les aides du gouvernement ne seront pas la seule façon d’aider les pauvres, mais où il leur offrira l’éducation, l’emploi, la nourriture et la dignité ».

Akamasoa Argentina, dit-il, n’est pas un projet à durée déterminée, mais une cause –en terminer avec la pauvreté. Il ne définit pas Akamasoa comme une ONG, mais un mouvement de solidarité qui « Dieu aidant » en inspirera d’autres. « Nous avons besoin de personnes passionnées pour redonner la dignité aux autres, qui comprennent que nous ne pouvons pas être heureux tant qu’il y a des malheureux », termine Vigo.

De Crux le 20 mars 2020

 

Inés San Martín

ROME BUREAU CHIEF

Collaboration du Père Bernard MASSARINI CM

 

Photo : Des enfants posent pour une photo face la construction de la première maison du projet argentin Akamasoa (Argentine)

 

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