Après l’âne de dimanche dernier, le triduum pascal nous plonge dans une nouvelle méditation animale…. C’est l’agneau (Ex 12, 1-8). Encore un animal qui présente peu de compétences… encore jeune et fringuant, il est en revanche doux, docile...il est innocent…et se laisse conduire… c’est l’animal du sacrifice, qui laisse sa vie pour la libération des autres...

Jeudi Saint – Flixecourt (09/04/2020) Paroisses N.D du Gard et de la Visitation. Diocèse d’Amiens

Après l’âne de dimanche dernier, le triduum pascal nous plonge dans une nouvelle méditation animale…. C’est l’agneau (Ex 12, 1-8). Encore un animal qui présente peu de compétences… encore jeune et fringuant, il est en revanche doux, docile…il est innocent…et se laisse conduire… c’est l’animal du sacrifice, qui laisse sa vie pour la libération des autres…

1/ La pâque, un double-évènement toujours actuel : Libération et Création

La tradition juive utilise l’agneau pour célébrer le « mémorial de la pâque » (Ex 12, 1- 8,11-14). La pâque, qui en premier lieu, est demandé par le Seigneur aux hébreux, juste avant la sortie d’Egypte, est devenu le mémorial de la libération et de la naissance du peuple d’Israël… Permettez-moi d’insister sur 2 points théologiques important pour mieux comprendre la pâque : 1/ La célébration de la pâque fait bien mémoire d’un seul double-événements. Dieu sauve les hébreux par un acte de LIBERATION de l’esclavage, de l’oppression, de l’injustice et un acte de CREATION du peuple nouveau, d’une communauté croyante…

Dieu demande de faire mémoire de cette libération et de cette naissance en sacrifiant un agneau, non pas pour se souvenir du passé, mais pour rendre présent l’événement dans l’aujourd’hui de la communauté…en faisant mémoire, Dieu continue de libérer des esclavages et de créer sa communauté !

2/ Jésus, l’Agneau qui accomplit la pâque nouvelle et éternelle : l’Eucharistie

Lorsque Jésus prend le pain et le vin, et célèbre ce mémorial de la pâque avec ses disciples le Jeudi saint, et qu’il dit que cette coupe est « la nouvelle alliance », « faite cela en mémoire de moi » (1 Co 11,23-26), il se place clairement comme l’Agneau de Dieu, qui versera son sang et qui donne sa vie… Jésus a été reconnu comme celui qui accomplit la pâque juive ! Il est le Seigneur, l’agneau doux, docile, innocent, qui se laisse conduire jusqu’à la croix… il est l’agneau sacrifié qui LIBERE l’humanité entière du mal et de toute forme d’esclavage et CREER un peuple nouveau, une humanité nouvelle pour vivre dans l’amour et la paix jusqu’à la fin des temps…. Toute la vie de Jésus montre cette vie donnée qui libère et qui fait naitre de nouvelles voix dans la communauté… L’Eucharistie de Jésus va bien au-delà du rite… elle est une œuvre d’amour et de libération à la fois spirituelle, mais aussi humaine, sociale, familiale, ecclésiale, une libération de toutes les dimensions de l’humanité et de la création… Jésus est le libérateur de toutes les chaînes qui emprisonne dans la peur, la pauvreté, la souffrance… Il est le sauveur !

Chers amis, le lavement des pieds, que nous venons d’entendre (Jn 13,1-15) est l’illustration de cet amour du Christ qui libère et donne naissance à son peuple…En se faisant serviteur, en lavant les pieds de ses disciples comme un esclave, le Seigneur libère l’humanité et en fait une communauté nouvelle, qui est invité à vivre selon son exemple, dans l’amour et le service des plus pauvres, en célébrant chaque jour le mémorial de « la pâque nouvelle ».

3/ Vivre l’Eucharistie pour suivre l’exemple de Jésus : libérateur et créateur

Grâce à cette foi du mystère de la pâque, l’Église est bien convoqué à vivre l’Eucharistie du Seigneur comme une actualisation de ce double-événement de la libération et de la création du peuple de Dieu. Chers frères et sœurs, le Christ nous dit bien « C’est un exemple que je vous ai donné afin que vous fassiez, vous aussi, comme j’ai fait pour vous ». A travers cette phrase, nous découvrons l’Eucharistie, non pas comme une simple célébration rituelle, mais comme un mystère de vie entière, donnée et œuvrant pour la libération concrète des plus démunis, œuvrant pour soulager « la clameur des pauvres autant que la clameur de la terre1 ». Cela est le fondement d’une dès clé de l’enseignement social de l’Église qu’on appelle l’amour préférentiel pour les pauvres, compris, non comme un « communisme chrétien égalitaire », mais comme « une forme spéciale de priorité dans la pratique de la charité chrétienne » et un désir de travailler de manière prioritaire à soulager, défendre et libérer les plus exclus, les malades, les marginaux, les addictes aux drogues ou a l’alcool, les sans-emploi, les réfugier, et j’en passe etc…

4/ le Jeudi Saint, fête du sacerdoce, ministériel et commun

Vivre l’Eucharistie, chers frères et sœurs, c’est recevoir cet amour de Dieu, c’est accueillir la libération et la fondation de notre communauté, et c’est continuer de vivre cette mission sacerdotale… de prêtres… ensemble, dans l’amour…

Chers amis, c’est ainsi que nous comprenons notre vocation de serviteur. Aujourd’hui c’est la fête des ministères ordonnés, des prêtres, qui ont fait le choix de consacrer leur vie pour ce mystère d’amour et de don, mais n’oublions pas que tous ensemble, solidaire les uns des autres, nous avons à vivre cet amour jusqu’au bout, à célébrer cette Eucharistie, cette action de grâce, en devenant les agneaux des plus démunis, pour les aimer, les servir et les intégrer à l’immense peuple de Dieu, qui n’a plus de ni frontière, ni de barrière…

Que Jésus, « Maître et Seigneur », nous aide à vivre cet amour au cœur de la crise actuelle, en communiant spirituellement à son corps et son sang. Qu’il nous aide de devenir de doux agneaux, docile, innocent, qui aime à tout donner. Bonne fête à toutes et à tous !

1 Encyclique du pape François – laudato Si, n°19.