Ne doutons pas de cette présence de l’Esprit parmi nous comme le Christ nous l’a promis : « Moi, je prierai le Père qui vous donnera un autre Défenseur qui sera pour toujours avec vous,… il sera en vous. Je ne vous laisserai pas orphelins. » belle assurance !

« Je ne vous laisserai pas orphelins ! ». Homélie. 6 dimanche de Pâques. Année A. 17 mai 2020

Nous voici, depuis une semaine, arrivés à ce moment que tous espérions, attendions avec plus ou moins d’impatience, sortir enfin de ce confinement. Et nous découvrons que nous ne sommes pas aussi sûrs de nous que nous pouvions le penser !

Que les changements qui se dessinent ne gâchent pas le plaisir de nous revoir et de reprendre pieds dans nos vies !

Il y a encore ce mélange de peur, d’angoisse, de remises en question, de méfiance et toujours ce besoin de se protéger. Beaucoup se sentent quelque peu perdus, désorientés, engourdis. Les repères ne sont plus les mêmes.  Il nous faut, en quelque sorte, réapprendre à vivre avec les autres, (vivre avec un masque, garder une distanciation…) à trouver d’autres gestes sécurisants tant pour se déplacer, se rencontrer, se parler. Ce sentiment d’être un peu seuls, fragiles, dans ce monde d’après, qui commence à peine, où règne malgré tout et davantage l’incertitude et l’imprévu. Nous ne pouvons plus tout programmer comme avant. Alors, où trouver des ressources pour vivre dans cette incertitude ? ne serait-ce pas l’occasion de redécouvrir, d’expérimenter ce que veut dire : ‘mettre sa confiance dans le Seigneur’ et ‘nous mettre à l’écoute de l’Esprit’ ?

Toute proportion gardée, ne sommes-nous pas dans la même situation que les disciples qui sont troublés, déstabilisés quand Jésus leur parle de son départ ! dans la même situation qu’ils traversent après la disparition de leur ami. Ils sont déboussolés, dispersés et doivent réapprendre à vivre, à se retrouver entre eux, à se dire leurs craintes comme celle d’être arrêtés, leurs peurs de sortir, de s’exposer, et leur besoin de se protéger.

Il leur faudra du temps pour découvrir qu’une présence les accompagne, les rejoint, les réconforte ; c’est à force de fréquenter les Ecritures, de les lire et relire qu’ils comprennent ce qu’ils vivent et à force de se retrouver autour du partage du pain. Ils font cette expérience nouvelle de la présence et de l’action de l’Esprit.

Nous-mêmes, nous avons eu la chance de vivre, pendant le confinement, ces deux temps forts : la lecture des Écritures et l’Eucharistie. Nous ne sommes donc pas trop démunis pour aborder demain avec ses incertitudes, cette difficulté de prévoir à long terme.

Ne doutons pas de cette présence de l’Esprit parmi nous comme le Christ nous l’a promis :  « Moi, je prierai le Père qui vous donnera un autre Défenseur qui sera pour toujours avec vous, … il sera en vous. Je ne vous laisserai pas orphelins. » belle assurance !

Croyons-nous suffisamment en cette force qui nous est donnée, qui est en nous et qui nous met en communion avec le Christ vivant auprès de son Père. Pouvons-nous désespérer, avoir peur indéfiniment ? Nous sommes accompagnés sur ce chemin où la vie est la même mais où, pourtant, bien des choses peuvent être modifiées, être revisitées dans nos comportements par ex. car nous avons été changés, touchés par ces semaines de confinement.

L’Esprit peut nous aider à définir la nouveauté que nous souhaitons voir installer dans nos vies, nos modes de fonctionnement, de rapports aux autres, nos modes de déplacements, de consommation etc… car ce temps est l’occasion de nous engager dans un vaste chantier avec d’autres croyants et bonnes volontés ; il n’y a pas de solutions toutes faites ; il nous faut repenser à tout cela et il s’agit donc d’écouter la voix de l’Esprit pour faire ce travail de discernement dans les lieux où nous sommes déjà̀ engagés.

N’est-ce pas un signe de l’Esprit que cette invitation du pape à célébrer Laudato Si, en nous demandant quel est le monde que nous voulons laisser aux plus jeunes, en portant attention à la clameur de la Terre et à celle des Pauvres, en prenant soin de la Création ?

L’Esprit n’est-il pas créativité, créateur de neuf ? n’est-il pas celui qui nous évite de revenir à un passé stable, à ne pas nous figer sur l’immédiateté, le frivole mais à nous fixer sur l’essentiel ! Dieu s’engage à nos côtés comme il l’a toujours fait. Il est là, proche, en nous. C’est l’Esprit du Fils, il ne nous laisse pas tomber.

Ne nous laissons pas disperser par le dé-confinement mais sauvegardons cette unité qui s’est construite pendant ces semaines, cette place redonnée à l’humain et surtout le plus fragile, ce nouveau regard sur des corps de métier qui sont essentiels à une vie ensemble.

Manifestons plus de charité, de compassion les uns envers les autres, plus attentifs à autrui, plus de respect pour le monde qui nous environne ; il y a des occasions de nous rendre meilleurs !

L’Esprit nous presse à sans cesse prendre et reprendre la route, avec confiance, prêts à ne pas recopier mais à créer du neuf.

La Pentecôte approche, demandons les secours du Guide intérieur ! Pour sortir des cénacles où nous nous confinons, pour prendre la route vers les espaces où Jésus nous envoie, nous avons besoin du Souffle divin. Ce Souffle est suffisamment fort pour faire quelque chose d’intéressant de ce qui nous attend ! ayons confiance, nous ne sommes pas orphelins !

Comme le dit St Paul : « puisque l’Esprit est votre vie, laissez-vous conduire par l’Esprit’ !