« Qui enverrai-je ? » Éternelle question du Seigneur ! question qui traverse tous les temps et qui rejoint chacune et chacun d’entre nous dans son aujourd’hui. C’est dans notre Église, que nous sommes tous appelés, baptisés dans la mort du Christ, vivifiés par l’Esprit Saint, pour écrire une page de solidarité, d’amour et de communion fraternelle là où nous sommes et pour témoigner de l’amour de Dieu, de son désir que la vie l’emporte sur le mal et la mort !

Homélie du 18 octobre 2020. Affiliation de Vincent DUQUESNOY à la Congrégation de la Mission

« Qui enverrai-je ? » Éternelle question du Seigneur ! question qui traverse tous les temps et qui rejoint chacune et chacun d’entre nous dans son aujourd’hui. C’est dans notre Église, que nous sommes tous appelés, baptisés dans la mort du Christ, vivifiés par l’Esprit Saint, pour écrire une page de solidarité, d’amour et de communion fraternelle là où nous sommes et pour témoigner de l’amour de Dieu, de son désir que la vie l’emporte sur le mal et la mort !

« Qui enverrai-je ? » Ce n’est pas une question banale, à prendre à la légère. Elle est essentielle car elle est un appel à VIVRE, à vivre en se donnant ; c’est un appel de l’Amour, celui de Dieu, et l’Amour est toujours tourné vers le prochain. Démarche pleine d’humilité et de simplicité.

Oui, cet appel à vivre pleinement nous invite à sortir de nous-même nous offrant ainsi la possibilité de nous mettre en situation de partage, de service, d’écoute. L’autre rencontré devient celui qui m’aide à me retrouver, dans la démarche du don de soi, à m’ouvrir à la vie !

Si tu veux vivre, laisses-toi porter par l’Amour, et n’aie pas peur de répondre : « Me voici : envoie-moi ! » ; Dans cette réponse, tu trouveras le bonheur, tu connaîtras la béatitude. C’est le mouvement de la vie qui te traverse, c’est le souffle de l’Esprit qui t’enveloppe. La vie humaine naît de l’amour de Dieu, grandit dans l’amour et tend vers l’amour.

Etre envoyé à qui ? se donner à qui ? s’engager à quoi ?

Pour répondre à ces questions, comme chrétien et vincentien, il me semble que nous devons contempler Jésus que Dieu a envoyé par amour pour les hommes ; il est LE Missionnaire dont la personne et les œuvres sont totale obéissance à la volonté de son Père. Il est LE Missionnaire envoyé porter la Bonne Nouvelle aux Pauvres.

Jésus est le 1er mouvement d’amour en sortie pour donner vie à la création dans sa totalité. Notre réponse à l’appel de Dieu s’inscrit dans ce mouvement de décentrement ; notre disponibilité à être envoyés s’enracine dans celle du Fils ; c’est l’Esprit qui nous est donné pour qu’en Église, nous ayons la force de nous porter au-devant de nos frères, entrant ainsi dans ce que le pape François appelle « la dynamique du don de soi » qui peut aller jusqu’au don total de soi comme le Christ.

« La mission, « l’Église en sortie », ne constituent pas un programme à réaliser, une intention à concrétiser par un effort de volonté. C’est le Christ qui fait sortir l’Église d’elle-même. Dans la mission d’annoncer l’Évangile, vous vous mettez en mouvement parce que l’Esprit Saint vous pousse et vous porte »

Ce que nous avons à faire, à montrer, à dire, c’est de porter une Bonne Nouvelle et cela à toute personne mais en priorité aux personnes qui sont laissées facilement de côté par la vie qui les exclue de plus en plus, les jugeant peu fiables, peu capables, ces personnes abattues par les difficultés de la vie.

Nous porter les uns les autres au-devant de l’autre pour leur porter une bonne nouvelle ! il faut être bien dans sa peau, dans sa vie, dans ses relations. On ne porte pas une bonne nouvelle avec une tête d’enterrement, ni en traînant des pieds, ni en ne se supportant pas mutuellement ! Quel est donc le visage que nous offrons à celui que nous rencontrons ; avec quelle démarche nous approchons-nous de lui ? qu’est-ce qui est bon en nous que nous pouvons lui transmettre ?

 

Nous sommes porteurs d’une bonne nouvelle. Nous portons une parole bienveillante, constructive. Nous portons la joie, celle de ne pas être seul, celle d’être aimé, respecté dans sa différence, accueilli avec sa richesse propre. Nous portons la confiance qui permet à l’autre de se révéler, de mettre en valeur ses compétences, d’agir avec ses moyens ; nous portons la confiance qui ouvre des issues dans l’impasse de certaines vies, de certains lieux. Nous portons l’initiative de leur donner leur place dans la société, dans les structures mises en place, dans les invitations à participer, à construire, à donner leur avis ! oui, nous portons le Christ. Nous portons la Vie.

Oui, il faut être solide pour porter une telle envie de vivre , une telle joie de vivre ! Ce que nous portons c’est la vie, c’est un mouvement d’amour que nous transmettons, à travers une présence quotidienne, des gestes simples qui respectent, qui mettent en valeur la personne.

Vincent, avec Aurélie ta femme, avec Faustine et Axel, tes enfants, vous vous portez les uns les autres en famille pour porter le Christ, bonne Nouvelle entre vous et pour tous ceux que vous rencontrez. C’est une expérience ecclésiale. Aujourd’hui, tu choisis de continuer ce chemin en t’inspirant de la spiritualité de St Vincent, plaçant le pauvre au centre. Pour cela, il nous revient, à toi et à nous tous, de choisir chaque jour les lieux éloignés qui nous obligent à sortir de nos routes et de nos rencontres habituelles pour être proches de celui qui est loin !

Nous portons le Christ, la Vie, comme le rappelle François : « le véritable missionnaire ressent Jésus vivant avec lui au milieu de l’activité missionnaire. Si quelqu’un ne le découvre pas présent au cœur même de la tâche missionnaire, il perd aussitôt l’enthousiasme et doute de ce qu’il transmet, il manque de force et de passion. Et une personne qui n’est pas convaincue, enthousiaste, sûre, amoureuse, ne convainc personne »

Ne perdons pas cette relation personnelle d’amour avec Jésus vivant dans son Église. Si tu es habité du Christ, animé de son Esprit, c’est Lui que tu donneras au monde, c’est son message que tu transmettras

Comme Marie, sa mère nous serons  disponibles pour répondre ‘me voici, envoie-moi !’ La prière, par laquelle Dieu touche notre cœur, nous ouvre aux besoins d’amour, de dignité et de liberté de nos frères et sœurs.

C’est sur le terreau de la générosité, de l’espérance et du don total de soi pour un autre avenir où chacun sera reconnu, accueilli et aura sa place, c’est sur ce terreau-là que se déploie notre élan missionnaire. C’est là que le Christ nous attend aujourd’hui, comme ses disciples, hier, en Galilée.

Bonne route, bonne mission.