Nous voici à la fin d’un parcours où l’Evangile de Matthieu nous a aidé, pendant une année, à saisir davantage Celui que nous suivons, au cœur du quotidien. Les événements de cette année ont participé peut-être plus qu’à l’ordinaire, à ce saisissement du Christ, à sa connaissance toute intérieure qui ont teinté notre action missionnaire.

La Place que ce Roi donne à l’humain

Nous voici à la fin d’un parcours où l’Évangile de Matthieu nous a aidé, pendant une année, à saisir davantage Celui que nous suivons, au cœur du quotidien. Les événements de cette année ont participé peut-être plus qu’à l’ordinaire, à ce saisissement du Christ, à sa connaissance toute intérieure qui ont teinté notre action missionnaire.

Pour clôturer cette année en fêtant le Christ comme Roi, la liturgie nous offre l’image du berger qui prend soin de ses brebis ; image qui conduit à mettre l’humain vulnérable dans ses dimensions spirituelles et humaines, au centre de toute préoccupation et de toute attention.

La façon dont ce berger se comporte vis-à-vis de ses brebis dit tout de la façon dont Dieu, en Christ, se comporte vis à vis de nous, de chaque personne humaine, de l’ensemble de l’humanité : son souci de prendre soin à ce que la nourriture soit suffisante,  à ce que personne ne se perde, ne soit dispersé, ne soit blessé, sans forces. Une attention constante, un désir de justice, d’épanouissement personnel et collectif, un amour plein de bonté.

Tout responsable est ainsi appelé à vivre avec les mêmes sentiments, les mêmes attentions, le même amour envers ceux qui lui sont confiés. Le souffle qui passe dans chacune de ses attitudes, dans sa façon d’être présent à l’autre,  c’est celui de l’amour qui nous éloigne de cette culture du rejet, de l’indifférence.

Cette manière d’être du Christ, il désire la retrouver en nous, qu’elle soit la nôtre. Belle image de la gouvernance pour aujourd’hui qui est de savoir prendre la place qui convient pour que l’autre grandisse, se développe, rayonne. Être un parmi d’autres pour que chacun soit reconnu dans sa réalité et ne soit pas étouffé ou nié.

Vivre ainsi sa responsabilité, sa gouvernance est un chemin royal, emprunté par le Christ qui tourne notre regard vers un cortège d’êtres humains sans beauté, ni force, ni honneur – misérables, malades ou prisonniers. Foule de ceux qui sont oubliés. Ne sommes-nous pas sans cesse appelés à prendre au sérieux leurs besoins fondamentaux, à porter attention :

  • à ceux qui ont faim et soif, certes de nourriture et de boisson, mais plus encore d’écoute, de connaissances, de reconnaissance, d’engagement pour se développer ; Les Perrichaux.
  • à ceux qui sont en attente que leur nudité soit revêtue d’un regard qui respecte leur dignité, d’un respect de leurs droits comme celui d’un toit, d’un travail, d’un accueil qui leur redonne une place avec les autres ; Louise et Rosalie ou l’APA.
  • à ceux qui sont mis au rebut dans ces lieux d’enfermement où règne la méfiance, où l’humanité est en souffrance, trahie par l’indifférence et où une simple visite redonne sens et beauté à l’humanité ainsi isolée. les visiteurs de prison, d’hôpitaux

Un simple geste, une présence même ponctuelle apporte un plus d’humanité, ouvre une issue dans ces impasses, est une victoire de la vie sur la mort. Cela redonne un vrai visage à celui dont l’humanité est mise à mal ; cela recrée du lien humain, social. Cette reconnaissance de l’humanité de l’autre dans ses fragilités, dans ses manques est une victoire de la lumière sur les ténèbres. La venue du Christ dans sa gloire réside dans notre relation à ces frères démunis. Leur précarité met au monde le pouvoir royal du Christ. Cela se vit dans l’imprévu, l’inattendu ce qui n’est pas toujours confortable mais peut être source d’étonnement !

« Quand est-ce que nous t’avons vu…? »

Nous avons besoin d’un regard extérieur pour nous révéler à nous-mêmes, découvrir une part de notre vérité, le sens de notre agir en bien ou en mal. On sera toujours étonné de la portée de nos actes, qui relèvent ou abaissent ! Ce regard de l’autre nous guérit de nos propres aveuglements et nous confirme dans notre capacité de faire le bien. C’est aujourd’hui que nous avons à donner le meilleur de nous-mêmes, pour le service des plus petits.

Il s’agit bien d’un combat à mener ! Faire le minimum  comme donner un verre d’eau, pour que cette terre accueille et donne place à Celui qui désire en faire son Royaume et y demeurer pour l’éternité. Choisir d’être humble, proche ; ne pas avoir peur de la vulnérabilité présente chez chacun, chemin royal où, comme Christ, nous nous abaissons pour être élevés ensemble à un rang de fils et accéder à la royauté. Ce qui est royal et qui finira par donner forme à l’humanité entière, c’est le don de soi pour faire vivre les autres. Le comportement du Christ, Berger, Roi, doit inspirer le nôtre et le façonner.

La vérité de chacun se dit dans le dénuement. Cet homme qui a faim, qui est malade, en prison… c’est le Christ : ‘Voici l’Homme’. Par l’Incarnation, Dieu s’est mis dans l’homme, en état d’abaissement, c’est là que nous pouvons Le rencontrer et l’accueillir. « C’est à Moi que vous l’avez fait » et c’est là que nous pouvons être élevé !

Merveilleuse place que nous donne un tel Roi, tout donné pour la vie de son peuple. C’est aussi une belle préparation à Noël où nous fêtons ce Roi, dans la fragile chair d’un enfant, abaissement de Dieu pour notre relèvement royal. Amen !